C’est la question que pose la Fondation des Femmes dans un rapport qui interpelle le Gouvernement, six ans après le mouvement #Metoo. Le constat est là : il y a encore beaucoup, beaucoup, de progrès à faire.
Lors du mouvement #Metoo, des millions de femmes ont témoigné publiquement des violences qu’elles ont subi et subissent encore. Dans la foulée, fin 2018, la Fondation des Femmes, organisme qui agit pour les droits des femmes et la lutte contre les violences dont elles sont victimes, a publié un premier rapport intitulé « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes ? » dans le but d’interpeller sur le manque de moyens alloués à la cause. Cinq ans après, l’organisme réitère son rapport et interpelle à nouveau les pouvoirs publics.
Plus de budget, mais un nombre de victimes en augmentation
La Fondation des Femmes reconnait que la politique de lutte contre les violences faites aux femmes continue d’être “étoffée” depuis le lancement du Grenelle des violences conjugales en 2019. Mais cela reste largement insuffisant, surtout face à l’augmentation du nombre de victimes. C’est à se demander si la politique du Gouvernement est véritablement efficace.
En 2019, l’Etat consacrait 1310 euros par victime. Il n’en dépense plus que 967 euros en 2023, soit 26 % de moins. Cette baisse est due à l’augmentation du nombre de victimes.
En effet, depuis 2018, le budget de l’Etat contre les violences conjugales a augmenté de 44,9 millions d’euros. En 2023, l’Etat aura dépensé 171,7 millions d’euros pour lutter contre les violences conjugales, contre 126,8 millions d’euros en 2019. Dans ce budget, les places d’hébergement pèsent le plus lourd, constituant plus de 60% du budget (105,9 millions d’euros), suivi (de loin) par l’accompagnement des femmes victimes de violences réalisé par les associations pour 20,9 millions d’euros (12% du budget).
Des besoins estimés entre 2,6 et 5,4 milliards d’euros

La Fondation des Femmes estime que les besoins représenteraient entre 2,6 et 5,4 milliards d’euros, soit entre 0,5 et 1% du budget de l’Etat.
Petit rappel : les violences faites aux femmes sont une des grandes causes des deux quinquennats d’Emmanuel Macron.
Les besoins des associations ont en effet explosé du fait d’un nombre toujours plus important de femmes qui les sollicitent. Chaque année, plus de 3 millions de femmes déclarent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles et les forces de sécurité enregistrent plus de 200.000 plaintes, soit 66 % des faits dénoncés. Ces chiffres traduisent une augmentation vertigineuse de plus de 83 % des violences conjugales entre 2018 et 2022 et de plus de 100% pour les violences sexuelles ces 10 dernières années, dont +33% entre 2020 et 2021.
Toujours selon la Fondation des femmes, depuis 2018, 230 millions euros d’apport nouveau, a minima, auraient été nécessaires pour faire face aux besoins, en croissance de +80% sur les seuls dispositifs qui existaient alors, ainsi qu’a minima +350 millions euros pour les dispositifs lancés depuis. Près d’un milliard d’euros additionnel serait encore nécessaire pour d’autres dispositifs à lancer.
Pour rappel encore, les féminicides par compagnons ou ex-compagnons ne baissent pas depuis 2019. Selon les statistiques, les chiffres de début d’année de 2023 se rapprochent de ceux de 2019, année pendant laquelle 146 femmes ont été victimes de leur conjoint ou ex-conjoint. Au 26 septembre, selon le site feminicides.fr, 81 féminicides ont été recensés (112 en 2022,122 en 2021).
La Fondation des Femmes, créée en mars 2016, vise à collecter des fonds auprès du grand public et des entreprises pour les redistribuer aux associations spécialisées dans les droits des femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes.