Le 18 octobre marque la journée mondiale de la ménopause. C’est l’occasion de rappeler que environ 2,5 millions de femmes en France sont en période de pré-ménopause et 11,5 millions sont ménopausées. Le sujet pourtant est toujours tabou.
Par Elsa Cadier
Le climatère n’est pas un organisme qui lutte contre les dérèglements climatiques, mais bel et bien le nom scientifique donné à la ménopause. Transition naturelle et inévitable, la ménopause touche toutes les femmes du monde. Pourtant, elle demeure un sujet tabou dans nos pays occidentaux encore en proie à la dictature de la jeunesse.
Diminution du taux d’hormones
En moyenne, c’est entre 40 et 50 ans que les ovaires commencent à diminuer leur production d’hormones. Le taux d’œstrogènes, d’hormones féminins baisse, mais les effets principaux affectent les femmes de manière différente. Deux tiers d’entre elles connaissent des effets secondaires physiques et émotionnels importants, alors qu’un tiers ne subit pas ou très peu ces effets.
Lorsque la ménopause s’installe, les effets sont physiques mais aussi psychiques
Plus de menstruations, bouffées de chaleur, troubles du sommeil et de l’humeur, déprime, prise de poids, sècheresse vaginale, sueurs nocturnes, douleurs articulaires, libido inexistante, … tous les symptômes sont bien là. Les femmes s’y attendent et pourtant, cette période qui peut durer jusqu’à dix ans est souvent mal vécue par les femmes, incomprise par l’entourage (en majorité par les hommes) et absolument niée dans le monde du travail.
“C’est arrivé un jour sans prévenir. Même si je m’y attendais, je n’y étais pas vraiment préparée“, explique Stéphanie, 49 ans. “Je n’ai plus eu de menstruations et je commençais à ne plus supporter l’alcool et le café. Sans parler des bouffées de chaleur, et de la baisse de libido ou de la prise de poids. Je suis allée voir mon médecin généraliste et après une prise de sang, elle m’a bien confirmé que j’étais en pré-ménopause“.
Pourquoi la ménopause est-il un sujet de société en occident ?
Alors que dans les cultures asiatiques, arabes et africaines cette période de la vie est considérée comme un signe d’honneur, de vieillesse et de respect, dans les pays occidentaux, elle reste un handicap notamment dans le monde du travail qui prône la jeunesse et la forme.
Delphine, 52 ans, est en recherche d’emploi. Elle a vu son corps se transformer et a eu du mal à accepter le regard des autres : “Je me suis sentie remisée au placard, plus bonne à rien. Moins femme en quelques sortes. Je me suis même persuadée inconsciemment qu’on ne me prendrait pas pour un poste, parce que j’avais pris du poids, que j’étais âgée, parce que j’étais ménopausée en fait, alors que j’avais toutes les compétences“.
Des solutions naturelles ou de substitution
C’est là que les médecins conseillent en général de changer de régime alimentaire, ne plus boire d’alcool, de café, de ne plus fumer,… Ça fait beaucoup à encaisser, c’est vrai. Il est alors possible d’opter pour le Traitement Hormonal de Substitution (THS). Il repose sur l’administration d’œstrogènes pour pallier au déficit. L’œstrogène doit néanmoins être associé (si on a son utérus) avec de la progestérone pour diminuer le risque de cancer de l’utérus (endomètre). Aujourd’hui sur 12 millions de femmes, seules 500.000 Françaises prennent ce traitement, alors qu’elles étaient 2,5 millions il y a vingt ans. Pendant longtemps, une étude américaine réalisée en 2002, relatant que la prise de ces hormones de synthèse pouvaient augmenter le risque de cancer du sein, a effrayé les femmes. Cette étude a depuis été démentie (elle avait été réalisée chez des femmes majoritairement à distance de la ménopause, plus de 10 ans, d’âge moyen de 63 ans et dont 2/3 étaient en surpoids, dont 1/3 d’obèses, expliquant notamment la plus grande fréquence des accidents cardio-vasculaires chez les femmes traitées par rapport à celles ayant reçu le placebo. Les doses d’hormones administrées étaient également importantes pour cet âge). Les populations de femmes étudiées multipliaient les facteurs de risques cancérigènes et cardiologiques (obésité, âge avancé, traitement tardif, diabète, etc.). Par ailleurs, les traitements utilisés en France sont différents de ceux de cette étude, mais le mal était fait.
S’est ajoutée à cela une étude publiée en 2009, d’un chercheur Danois qui soulignait le risque de développer un cancer de l’ovaire sous certaines conditions.
Plus d’informations sur www.gemvi.org (Groupement d’Études sur la Ménopause et le Vieillissement Hormonal)
“De retour de chez ma gynécologue, poursuit Delphine, je me suis souvenue de ce que ma mère et mes tantes m’ont racontées. Surtout sur cette histoire de traitement hormonal qui soit-disant provoquerait le cancer du sein. Je ne voulais pas prendre ce risque. Je n’ai pas commencé de traitement, d’autant qu’il y a eu juste après le Covid. Alors j’ai repoussé. J’ai pris du poids et je ne me supportais plus. Il a fallu que je réagisse. Même si je n’ai pas retrouvé ma taille d’avant, je me suis prise en main en faisant du sport, de la méditation et du yoga. J’ai appris à accepter mon nouveau corps en faisant abstraction de tous les critères de beauté et de jeunesse qu’on nous renvoie… Mais ça reste toujours difficile d’en parler aux autres, surtout au travail.”
Pour les récalcitrantes ou celles qui ne peuvent pas utiliser le THS (cancers), les traitements naturels peuvent être une alternative même minimes. Ils reposent entre autre, sur l’équilibre entre vitamines, minéraux et acides aminés, et apportent des hormones végétales. Contre les bouffées de chaleur, les sueurs et les insomnies, il est conseillé de consommer beaucoup de fruits et de légumes cuits, ainsi que des produits céréaliers et de limiter la consommation de viande et de produits animaux dérivés.
Une journée mondiale pour honorer les femmes et favoriser la recherche
Le travail d’acceptation de la ménopause dans notre société reste encore hybride. À l’occasion de la journée mondiale de la ménopause, certaines.ns ont pris les choses en main dans le but de faire évoluer les mentalités, de faire changer le regard sur la ménopause, de lever ce tabou et de favoriser la recherche. En France, une marque de cosmétique a lancé, avec la GEMVI, une tribune d’engagement pour une meilleure prise en charge
de la Ménopause et une libération de la parole.