“La progression est encore très lente”, l’agence ONU Femmes a en charge les droits des femmes dans le monde

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L’Organisation des Nations Unies (ONU) Femmes est une agence qui a en charge l’égalité femmes/hommes et l’autonomisation économique des femmes dans le monde. L’agence est présente dans 110 pays et, en temps de crise, elle vient en aide aux associations sur le terrain. Mais elle manque cruellement de moyens pour être véritablement efficace.

Une organisation onusienne peu ou pas connue

Il aura fallu attendre 2010 pour que les Nations Unies (créées elles après la seconde guerre mondiale) lancent l’agence “ONU Femmes”. Pour certains, la création est un peu tardive, au vu du travail important, pour ne pas dire colossal, qu’il reste à accomplir pour le droit des femmes dans le monde. Pourtant, sur la feuille de route pour le développement humain, l’égalité femmes/hommes était bien inscrite dès le départ dans la charte des Nations Unies. Ce n’est qu’au début des années 2000 que l’ONU a pris conscience qu’un effort conséquent en matière d’égalité femmes/hommes devait être fourni pour atteindre l’objectif fixé pour le développement du millénaire : le développement humain. Dans cette “urgence” oubliée, l’ONU a donc créé l’ONU Femmes. Tout laisse à penser que cette omission était alors purement politique. Tout du moins, la problématique ne semblait pas être prioritaire pour beaucoup de pays.

Il a fallu tout un consensus international pour absolument prioriser ce sujet au plus haut niveau des Nations Unies”, explique Fanny Benedetti, directrice exécutive ONU Femmes France, ” et donner les moyens à l’organisation de s’atteler à ce chantier déterminant pour l’atteinte des objectifs“.

Aides aux autorités nationales et locales et soutien aux organisations de femmes sur le terrain sont les deux piliers

Fanny Benedetti : aucun pays de l’Organisation des Nations Unies n’a atteint l’égalité femmes/hommes. Les obstacles persistent dans de nombreux pays notamment le nôtre, et il faut absolument se mobiliser car les enjeux d’égalité sont aussi très proches de ceux du développement durable. Les deux doivent être traités de façon conjointe et coordonnée.

ONU Femmes est en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes ses dimensions : luttes contre les violences envers les femmes et les filles (phénomène universel), rôle des femmes et leur place dans l’économie et dans le monde du travail, place des femmes dans la prise de décision et dans le leadership au niveau politique, rôle des femmes dans la transition écologique et numérique, urgences humanitaires,…

  • Une assistance technique

L’agence apporte une assistance technique aux États qui le désirent, en les aidant à améliorer leur cadre juridique en leur spécifiant les lois les plus adaptées, et leur politique publique. Elle prodigue également des conseils pour  augmenter la représentation des fe

mmes dans les parlements, dans les ministères, ou dans les instances publiques.

ONU Femmes est également gardienne des traités et des conventions internationales en matière de droit des femmes. Il en existe peu. La convention sur l’élimination de la discrimination envers les femmes, signée en 1979 par 189 États dans le monde, est sans doute l’une des plus importantes, même si elle n’est pas toujours appliquée.

Extrait de la convention : “La discrimination à l’encontre des femmes viole les principes de l’égalité des droits et du respect de la dignité humaine. Elle entrave la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays, elle fait obstacle à l’accroissement du bien-être de la société et de la famille et elle empêche les femmes de servir leur pays et l’humanité dans toute la mesure de leurs possibilités”.

  • Un soutien sur le terrain

Sur le terrain, l’ONU Femmes soutient les organisations de femmes, pour qu’elles puissent agir et devenir actrices du destin de leur société. En temps de crise, l’agence fait partie du dispositif humanitaire des Nations Unies, notamment avec le programme  “Femmes, paix et sécurité” (Woman Peace and Security agenda) . En Ukraine par exemple, dès le début de la guerre, des risques de traite et d’exploitation sexuelle des femmes qui arrivaient en masse aux frontières, avec leurs enfants, ou avec des personnes à charge étaient bien présents. L’ONU Femmes a soulevé en urgence, ce point de vigilance.

Nous avons un rôle normatif, et un rôle de soutien de la société civile féministe dans le monde entier à travers des financements et des aides, poursuit Fanny Benedetti, puisque les associations de femmes sont le terreau à l’origine de cette création (ONU Femmes) par leur lobbying, par leur plaidoyer, par leur activisme sur le terrain. 

L’ONU Femmes se mobilise également à travers des conférences, comme à Sciences Po Paris, le 19 mai 2022, et récolte des fonds destinés à aider les organisations sur place. La journée a été consacrée au soutien des femmes d’Ukraine et d’Afghanistan.

 

 

Qui dit jeune organisation, dit forcément peu de moyens…

La jeune organisation se heurte sans surprise au manque de moyens. Financée en grande partie par seulement une vingtaine d’États membres des Nations Unies (il y en a 193), le budget de fonctionnement est faible comparé à l’UNICEF, l’agence sur la protection des enfants. Ses moyens d’actions sur le terrain sont donc limités, alors que le programme est ambitieux. Face à cette insuffisance matérielle, l’ONU Femmes France œuvre à la collecte de fonds auprès du grand public pour aider les programmes des 110 pays. L’agence française créée également des partenariats avec certaines entreprises.

La force du réseau de femmes ne suffit pas

Faute de moyens, l’organisation travaille beaucoup avec les réseaux puissants et soudés de femmes. Les résultats sont certes impressionnants, mais peu suivis d’effets dans les hautes sphères politiques. Les femmes Ukrainiennes par exemple, ont un rôle actif sur le terrain. Certaines sont même des combattantes, mais le constat est là : autour de la table des négociations, aucune femme n’est présente.

Globalement, le statut des femmes dans le monde est en progression. Il subsiste cependant des points noirs au tableau : des cas de reculs pointent leur nez. Des principes acquis sont remis en cause par des conservateurs et des nationalistes, même dans certains pays occidentaux (les Etats-Unis et la Pologne avec l’avortement,…). Les indicateurs sont encore au rouge et la progression est lente. Alors, la vigilance reste de mise.

www.onufemmes.fr

Par E.Cadier

 

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