Par Elsa Cadier
Depuis la mort de Mahsa Amini en Iran il y a deux mois, la contestation, partie des femmes, s’est muée en un mouvement populaire dirigé contre la théocratie au pouvoir en Iran depuis la révolution islamique de 1979. Partout dans le pays, la jeunesse se rebelle. Au début du mois de décembre, le procureur général aurait annoncé la suppression de la police des mœurs, alors qu’il n’a pas ce pouvoir. Est-ce une manœuvre pour calmer les manifestants ?
La rébellion, partie des femmes, s’étend désormais dans tout le pays
Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini, une jeune femme âgée de 22 ans, originaire du Kurdistan, venue rendre visite à sa famille, est arrêtée à Téhéran en Iran par des policiers faisant partie de la police des mœurs. Ces derniers, chargés de faire respecter un code vestimentaire strict, lui reprochent de mal porter le voile. Après son arrestation, Mahsa Amini tombe dans le coma. Elle décède quelques jours plus tard, le 16 septembre, à l’hôpital.
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Depuis cette date, les femmes iraniennes ont commencé à se rebeller, enlevant leur voile, le brûlant et se coupant les cheveux. Elles sont rejointes par la suite par les hommes, les jeunes, mais le mouvement est parti des femmes. À ce jour, la contestation ne faiblit pas et ce malgré la répression.
Des manifestations sanglantes et des condamnations à mort
Selon le dernier bilan de l’ONG Iran Human Rights Activist communiqué le 18 novembre, 381 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le début des manifestations, dont 57 enfants, et plus de 16.000 arrestations ont eu lieu. Au fil des manifestations, au slogan initial de “femmes, vie, liberté” se sont ajoutés des mots d’ordre dirigés contre la République islamique tels que : ” On se battra, on mourra, on récupèrera l’Iran “.
Mercredi 16 novembre, la justice iranienne a annoncé trois nouvelles condamnations à mort à l’encontre de manifestants. Ce qui porte à cinq le nombre de personnes qui devraient subir la peine capitale. Outre les scènes de violences dans plusieurs villes, cette semaine a également marqué le troisième anniversaire du mouvement “Novembre sanglant” de 2019, déclenché par la hausse des prix du carburant, lui aussi réprimé dans le sang. En signe de protestation, les commerçants ont fermé leurs magasins.
Les turbans des mollahs s’envolent
Pour protester contre le régime religieux, les jeunes gens font tomber le turban des mollahs. Cette forme de protestation baptisée « jeu du turban », se transforme parfois en agression plus violente. Certains mollahs ont été roués de coups. Ces agressions prouvent le profond ressentiment de la jeunesse iranienne contre les responsables religieux iraniens.
Les relations entre la France et l’Iran se tendent
Mercredi 15 novembre, l’Iran a accusé les services secrets français d’être derrière le soulèvement des femmes. L’accusation fait suite aux quatre Iraniennes reçues à l’Élysée par Emmanuel Macron. L’Iran a également fait le choix de soutenir la Russie en Ukraine. À noter que la France compte sept Français emprisonnés en Iran, la plus ancienne étant l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue depuis 2019.
Une réflexion sur “Iran : plus de deux mois après la mort de Mahsa Amini, la contestation se poursuit”