Pour cette semaine olympique et paralympique, du 3 au 9 avril, le Comité d’Organisation a choisi le thème de l’inclusion. Il ambitionne d’atteindre l’égalité totale entre les femmes et les hommes dans les sports olympiques pour Paris 2024. Il était temps ! Le sport féminin a mis près de 124 ans à se frayer un chemin dans les dédales de l’exclusion et du sexisme olympique.
Il est vrai que, comme le comité olympique le dit si bien : “le sport est un formidable vecteur d’épanouissement et de fraternité, dès lors qu’il permet la rencontre avec d’autres, le dépassement de soi, la compétitivité dans un espace respectueux de règles communes“. Que ce soit dans les disciplines, dans l’encadrement, chez les coaches ou dans les instances administratives, Paris 2024 s’est engagé à ce qu’il y ait 50 % de femmes et 50 % d’hommes. De quoi rendre fières toutes ces femmes qui, à la création des Jeux Olympiques “modernes” se sont battues pour en faire partie, contre vents et marées masculines.
“Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics“, dixit Pierre de Coubertin
Déjà dans la Grèce antique, lors des premiers Jeux olympiques de l’histoire en 776 avant Jésus Christ, les femmes n’avaient non seulement pas le droit de participer aux compétitions, mais elles n’étaient pas autorisées à être spectatrices. Ça, c’était il y a bien longtemps.
Mais lorsque le baron Pierre de Coubertin, appelé le “visionnaire des Jeux Olympiques”, relance les JO à l’époque moderne en 1896 à Athènes, la participation des femmes n’est toujours pas autorisée, pour respecter la tradition classique avec des athlètes strictement masculins. Seule une coureuse de marathon d’origine grecque, nommée Melpomène, rebelle sans doute, concoure officieusement.
🍀Les premiers Jeux Olympiques ouverts aux femmes sont ceux de Paris en 1900. Seules vingt-deux athlètes féminines représentent 2% des 997 concurrents. Les femmes sont admises à participer dans quelques sports considérés comme anciens loisirs aristocratiques (tennis, golf, voile, équitation, patinage artistique ou croquet).
Des noms de championnes émergent alors : la tenniswoman britannique Charlotte Cooper est la première médaillée d’or. Il faut “protéger la féminité et la fécondité, ainsi que respecter la décence”. Les femmes sont donc vêtues de jupes à mi-mollets, comme la championne du monde de patinage artistique, la Britannique Madge Syers (médaille d’or à Londres en 1908, et de bronze en couple avec son mari). Le sport féminin est très apprécié, mais la ferveur populaire n’y changera rien : les organisateurs des Jeux Olympiques ne veulent pas de présence féminine.
En 1935, Pierre de Coubertin donne son avis sur la place des femmes dans les compétitions sportives et reste sur sa position hostile et mysogyne.
“Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics, ce qui ne signifie nullement qu’elles doivent s’abstenir de pratiquer un grand nombre de sports, mais sans se donner en spectacle. Je conçois l’olympisme moderne comme constitué en son centre par une sorte d’Altis morale, de burg sacrée, où sont réunis pour affronter leurs forces les concurrents des sportifs virils par excellence, des sports qui visent la défense de l’homme, sa maîtrise sur lui-même, sur le péril, sur les éléments, sur l’animal, sur la vie. On doit conclure que le véritable héros olympique est, à mes yeux l’adulte mâle individuel.“
Des olympiades rien que pour les femmes, par les femmes
🚣♂️ À l’initiative d’Alice Milliat, championne d’aviron et militante féministe avant l’heure, et dans l’optique de mettre fin à cette injustice, les femmes organisent leurs propres olympiades. Alice Milliat, présidente du club omnisport féminin Femina sport (1912) et trésorière de la Fédération française du sport féminin (1917), réclame l’admission des sportives à toutes les épreuves des Jeux Olympiques, arguant du fait que le rôle des femmes durant la Première Guerre mondiale a démontré l’opposé d’une « fragilité naturelle » prétendue par les hommes. Mais le Comité International Olympique (CIO), entièrement masculin, refuse toujours en 1919 la féminisation des épreuves d’athlétisme aux JO d’Anvers (Belgique).
Cette année-là, puisque le tennis féminin est autorisé, apparaît Suzanne Lenglen, surnommée la “diva du tennis”. Un court du stade de Roland Garros porte aujourd’hui son nom.
Contre l’avis de Pierre de Coubertin qui ne voulait pas “d’olympiade femelle”, Alice Milliat organise le 20 août 1922 à Paris les premiers Jeux olympiques féminins et réinvente les compétitions de Héra, fondées par seize femmes au vie siècle avant J.-C. .
77 sportives participent (13 athlètes de Grande-Bretagne, 22 Françaises, 10 Tchécoslovaques, 7 Suisses et 13 Américaines).
En 1921,Alice Milliat, en relation avec d’autres sportives européennes, fonde la Fédération sportive féminine internationale (FSFI).
🏋️♀️ Aux JO de 1924, les femmes ne sont que 13 pour 245 hommes, alors que aux jeux féminins de Göteborg, le 27 août 1926, dix nations sont représentées, sous les applaudissements de 8.000 spectateurs.
1928 : les femmes peuvent “vite fait” participer aux épreuves d’athlétisme
La véritable entrée des femmes aux JO, intervient aux jeux d’été de 1928 à Amsterdam, après le départ en 1925 de Coubertin de la direction du Comité International Olympique. Les épreuves d’athlétisme leurs sont enfin accessibles. 100 mètres, 4 fois 100 mètres, 800 mètres, saut en hauteur… Mais les antiféministes et les incessantes critiques du monde du sport et de la presse (surtout française) sont oppressantes. Ainsi, l’Allemande Karoline Radke-Batschauer dite Lina Radke, record-woman du 800 mètres est humiliée dans les journaux. On lui reproche son manque de grâce et on fustige ses concurrentes dites “fragiles” et peu préparées. N’oublions pas que les journalistes à cette époque sont majoritairement des hommes. Le 800 mètres, jugé inadapté à la condition physique féminine, sera interdit jusqu’en 1960.
Le tournant dans la participation des femmes aux Jeux Olympiques s’effectue lors des Jeux mexicains de 1968. Sur 7.200 athlètes, 845 sont des femmes. Au fil des années, la présence des femmes ne cesse d’augmenter. Elles sont un peu plus de 23% à Los Angeles en 1984 et 45% à Rio en 2016.
L’intégration des femmes au sein des Jeux Olympiques se démocratise petit à petit, mais il faut attendre 2007 pour que la charte olympique rende obligatoire la présence des femmes dans chacun des sports.
Lors des JO de Londres en 2012 et pour la première fois, les femmes participent dans toutes les disciplines, grâce notamment à l’introduction de la boxe féminine.
Vers l’égalité des genres aux JO de Paris 2024
À Tokyo ( JO de 2020), les sportives représentent 48 % des athlètes. Ces JO sont les premiers à afficher une “quasi” égalité. Le CIO de Paris 2024 l’affirme : l’objectif de l’égalité des sexes sera atteint aux Jeux Olympiques de Paris 2024 pour la première fois dans l’histoire olympique. L’ambition affichée est d’organiser les “premiers Jeux paritaires de l’histoire”, comme l’a annoncé le président du comité Tony Estanguet.
Je me réjouis de ce nouveau programme pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, car il reflète l’agenda olympique 2020 et prépare les JO pour le monde post-coronavirus. Il y aura également une pleine égalité des sexes pour la première fois dans l’histoire des JO, avec exactement 50 % d’athlètes masculins et féminins, a déclaré Thomas Bach, président du Comité International Olympique.
😑 Mais la route vers l’égalité totale est longue. Le sexisme, la misogynie et le machisme sont encore bien présents dans le sport (exemple : ce commentateur de France 2 qui évoque à trois reprises «le regard de tigresse» de la championne olympique Clarisse Agbégnénou).
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