L’exercice du bilan 2022 concernant le droit des femmes est à double tranchant. Alors qu’on note des avancées et des libérations, certains droits régressent et des libertés sont supprimées. Femmes Iraniennes, Afghanes, l’avortement aux Etats-Unis, les féminicides, les femmes au pouvoir et le prix Nobel de Littérature…, voici quelques exemples
Par Elsa Cadier
Les féminicides en France n’ont pas diminué
En 2022, le collectif Féminicides (www.feminicides.fr) a compté 109 féminicides par compagnons ou ex compagnons (122 en 2021, 157 en 2020,). Nous toutes (www.noustoutes.org) en a répertorié 149. L’organisme prend en compte les filles et les femmes qui ont été tuées par un membre de leur famille, pour avoir refusé un rapport sexuel ou en raison de leur transition de genre et celles poussées au suicide par des hommes violents ou par le (cyber-)harcèlement sexiste et sexuel dont elles étaient victimes. C’est plus qu’en 2021 (113 en 2021, 102 en 2020, 153 en 2019, 143 en 2017). Les chiffres prouvent que les féminicides ne baissent pas malgré la politique du Gouvernement voulue par Emmanuel Macron qui a pourtant fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’une des grandes causes de ses quinquennats, avec l’égalité femmes-hommes…
À lire aussi : Violences faites aux femmes : Dépose ta plainte, le site web qui permet de porter plainte en ligne.
Le droit à l’avortement :
En 2022, le droit des femmes et le droit à l’avortement auront été ébranlé aux Etats-Unis, avec l’annulation en juin, par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs. Wade qui garantissait aux Américaines le droit d’interrompre leur grossesse dans tout le pays. La lutte pour le droit à l’IVG se poursuit, même si une lueur d’espoir se profile avec la vente de pilules abortives en pharmacie, mais sous certaines conditions.
Le soulèvement des femmes Iraniennes en septembre
Après la mort en septembre de Mahsa Amini, une jeune femme « mal » voilée, la contestation partie des femmes, s’est muée en un mouvement populaire dirigé contre la théocratie au pouvoir en Iran depuis la révolution islamique de 1979. Selon l’organisation Iran Human Rights (Iran Human Rights), au 27 décembre 2022, 476 manifestants seraient décédés. La comédienne Taraneh Alidoosti («Leila et ses frères» de Saeed Roustaee), a affiché son soutien à toutes les femmes depuis le début du mouvement. Elle a été arrêtée le 17 décembre 2022 et est depuis emprisonnée dans la prison d’Evin. Les femmes iraniennes ont été élues “héroïnes de l’année” par le journal Time (Time).
À lire aussi : Iran, plus de deux mois après la mort de Mahsa Amini, la contestation se poursuit (La révolte des femmes Iraniennes) .
Les femmes Ukrainiennes dans la guerre
Dès le début de la guerre en Ukraine, les femmes ont été très actives et ont fait preuve d’un courage inébranlable. Des centaines d’entre elles se sont engagées sur le front. Olena Zelenska, la femme du président, quant à elle, a commencé un combat en se portant ambassadrice de son pays à l’international.
Alessandra Matviichuk, prix nobel de la paix 2022, dirigeante du Centre ukrainien pour les libertés civiles, estime que les Russes doivent répondre de leurs crimes : “Les femmes ukrainiennes ont rejoint immédiatement les forces armées. Ce sont les femmes qui ont sorti les gens des ruines, qui ont soutenu ceux dans les zones de combat, qui ont souffert sous les tirs d’artillerie, qui prenaient des risques pour ceux qui trébuchaient dans les décombres des immeubles, qui ont brisé l’encerclement de la ville pour apporter de l’aide humanitaire. Les femmes dans ce combat sont en première ligne, car la bravoure n’a pas de genre. Beaucoup de femmes ont rejoint notre initiative nommée “Un tribunal pour Poutine” pour documenter les crimes de guerre. La Russie a essayé de briser la résistance du peuple et d’occuper le pays en créant ce que j’appelle l’immense douleur de la population civile. Nous documentons cette peine, afin que, tôt ou tard, les auteurs de ces crimes puissent un jour être traduits en justice”.
À lire aussi : Les femmes dans la guerre en Ukraine (https://touteslesfemmesinfos.fr/la-guerre-en-ukraine-devastatrice-pour-les-femmes/).
Les femmes Afghanes privées de leurs droits
En Afghanistan, lorsque les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul en août 2021, ils ont détruit en quelques mois ce que les femmes avaient mis des années à reconstruire. Port de la burqa obligatoire, exclusion des emplois publics et privés, interdiction des gymnases et bains publics, des parcs publics, interdiction de fréquenter les collèges et les lycées et, depuis le 21 décembre, interdiction de l’entrée des universités aux femmes Afghanes,… La liste s’allonge et malgré la répression, les femmes continuent de manifester à Kaboul. Plusieurs d’entre elles ont été arrêtées par les forces de l’ordre. Fin décembre, les talibans ont interdit aux Afghanes de travailler pour les ONG, les organisations non gouvernementales…
En France, une femme devient Première ministre
Après la socialiste Edith Cresson en 1991, Elisabeth Borne est la seconde Première ministre de l’histoire de la République française. Autrefois proche du Parti Socialiste, Elisabeth Borne a été ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Elle a commencé dans l’équipe d’Édouard Philippe comme ministre chargée des Transports (2017-2019), avant de d’être nommée à la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire. À ce jour, Elisabeth Borne a utilisé le 49.3, l’article de la Constitution qui permet au Premier ministre de faire passer un texte de loi sans passer par le vote, à six reprises. On est loin du record de Michel Rocard qui l’a activé 28 fois.
L’écrivaine française Annie Ernaux, prix Nobel de Littérature
Annie Ernaux est la première autrice française à se voir décerner le Prix Nobel de Littérature. L’écrivaine, figure du féminisme et engagée à gauche, a été récompensée pour “le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle”, a expliqué le jury Nobel. Elle devient ainsi la seizième Française et la dix-septième femme à recevoir la prestigieuse distinction de l’Académie royale des sciences suédoise.