Avec la hausse des prix alimentaires et de l’énergie, le pouvoir d’achat des Français est en berne. Mais surtout, les inégalités se creusent et les familles monoparentales, en grande majorité des femmes, sont les plus affectées.
Depuis septembre 2022, les prix de l’alimentation (hausse de 13,2 % en un an), de l’énergie (+16,3 % ) et de l’essence flambent. Cette augmentation significative est annonciatrice d’une crise économique pas uniquement française, mais également mondiale. Selon une estimation de l’INSEE, en France, le taux d’inflation atteint 6% en janvier 2023, après 5,9% en décembre 2022.

L’alimentation, l’énergie et le logement sont les trois principaux postes de dépenses
Les Français consacrent entre 11 et 14 % de leur budget mensuel à l’alimentation. Cette part est en train d’augmenter avec l’inflation et pourrait encore augmenter au mois de mars prochain puisque que les produits les plus consommés vont connaître une hausse considérable au mois de mars. L’UFC-Que Choisir annonce en effet une augmentation moyenne de près de 12 % dans le secteur de l’alimentation, le plus touché derrière celui de l’énergie (fioul, gazole, essence…).
Les femmes plus durement touchées par la pauvreté dans le monde
Conséquence directe de la flambée mondiale des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, selon ONU Femmes, dans les pays en développement, 71 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté en seulement trois mois et la crise liée au coût de la vie devrait toucher plus durement les femmes. En effet, les inégalités salariales persistent et la sous-évaluation de leur travail constituent les causes principales de la charge financière plus lourde qu’elles doivent supporter. Les femmes sont généralement les premières dispensatrices de soins aux enfants et aux personnes âgées, et en temps de crise, elles perdent de manière disproportionnée leur emploi ou sont contraintes de rester à la maison.
Pour les familles monoparentales, l’inflation et la crise énergétique sont plus dures à supporter
En 2020, l’INSEE a recensé huit millions de familles monoparentales, de parents qui élèvent seuls leurs enfants. 80 % de ces familles monoparentales sont des femmes et 41% des mineurs en famille monoparentale vivent sous le seuil de pauvreté. Selon les statistiques, elles sont les plus vulnérables. Dans un tiers de ces familles, le parent n’a pas d’emploi car il est difficile de travailler avec des enfants à gérer seul.e. Lorsqu’il y a un emploi, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes (22 % de moins à postes et compétences égaux) et près de 80 % des femmes sont à temps partiel. Beaucoup sont des femmes avec enfants et la propension au temps partiel augmente avec le nombre d’enfants. Ainsi, en 2021, 40,6 % des femmes salariées ayant au moins trois enfants à charge travaillent à temps partiel. Donc, moins de salaire.
Les femmes seules avec enfants sont les plus mal logées
Non seulement, les femmes seules avec enfants gagnent moins d’argent, mais elles sont aussi les plus mal logées. Dans son nouveau rapport de 2023 sur « L’état du mal-logement en France », la Fondation Abbé Pierre s’intéresse tout particulièrement aux difficultés rencontrées par les femmes, entre précarité, violences et aide institutionnelle genrée. Selon les estimations de la Fondation Abbé Pierre, 15 millions de personnes sont touchées par la crise du logement. 4,1 millions souffrent de mal-logement (précarité, insalubrité, habitation inadaptée…) ou d’absence de logement personnel. Les mères célibataires subissent encore plus ces inégalités. La fondation souligne en effet que si 20% de la population est concernée par de mauvaises conditions de logement, le taux est bien plus élevé pour une femme avec un enfant puisqu’il atteint 40%. Enfin, le risque de souffrir de mal-logement s’élève à 45% pour une mère célibataire ayant deux enfants et à 59% pour trois enfants ou plus. “À classes sociales égales, les risques d’habiter dans un logement indigne ou sur-occupé sont plus élevés pour les familles monoparentales (…) constituées à 81% de mères célibataires“, peut-on lire dans le rapport.

Source La Fondation Abbé Pierre