La Coupe du monde de football se tiendra au Qatar du 20 novembre au 18 décembre. Outre les critiques émises sur l’impact environnemental de la compétition et les conditions de vie des ouvriers sur les chantiers, le pays musulman est également accusé de ne pas respecter les droits humains et le droit des femmes.
Alors que la Coupe du monde de football est sur le point de démarrer au Qatar, un guide non officiel, le Do’s and Don’ts 2022, une sorte de “to do” et “not to do” liste, a été publié par le groupe “Reflect your respect” (témoignez votre respect). Il liste les comportements interdits au Qatar et s’adresse aux supporters étrangers.
Le Qatar vous souhaite la bienvenue. Montrez votre respect envers la religion et la culture du peuple qatari en évitant ces comportements.
Guide édité par le collectif “Reflect your respect” (témoignez votre respect).
Le guide vise essentiellement les personnes LGBT et les femmes
Selon l’agence Reuters, le groupe se dit « contribuer à la consolidation des valeurs islamiques qui soutiennent l’identité qatarienne », et se donne comme mission première de défendre les valeurs du pays. Le guide vise essentiellement les personnes LGBT et les femmes (interdiction de l’homosexualité, d’indécence vestimentaire, de boire de l’alcool, de proférer des injures, d’avoir un rendez-vous amoureux et de prendre des photos d’une personne sans sa permission). Le document Do’s and Don’ts 2022 se conclut toutefois sur un message de “paix et d’ouverture” : ” Le Qatar est un pays extrêmement paisible avec des personnes de différentes nations vivant ici. Respectez leur culture et leur religion. Nous sommes tous différents.“

Les femmes du Qatar sous tutelle masculine
Tout ce que je fais nécessite l’accord d’un homme : les femmes et les règles de la tutelle masculine au Qatar
Rapport publié par Human Rights Watch en mars 2021
La FIFA et les autorités officielles du Qatar ont démentis être à l’origine du document. Il n’en demeure pas moins que le droit des femmes au Qatar est loin d’être exemplaire. Malgré les soi-disant “efforts” réalisés dans ce domaine ces dernières années, les femmes demeurent sous la tutelle masculine. Pour l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch, qui a publié un rapport en mars 2021 intitulé “Everything I Have to Do Tied to a Man : Women and Qatar’s Male Guardianship Rules (tout ce que je fais nécessite l’accord d’un homme : les femmes et les règles de la tutelle masculine au Qatar), le système reste discriminatoire. Les femmes doivent, par exemple, obtenir la permission de leur tuteur masculin (père, frère, grand-père, oncle ou mari) pour se marier, pour faire des études à l’étranger à l’aide de bourses du gouvernement, pour travailler dans de nombreux secteurs de la fonction publique, pour voyager à l’étranger jusqu’à un certain âge et pour recevoir certains soins médicaux dans le domaine reproductif. Les femmes ne sont également pas titulaires de l’autorité parentale sur leurs enfants, même lorsqu’elles ont divorcé et qu’elles en ont la garde. Ces restrictions constituent des violations de la constitution du Qatar et du droit international, mais demeurent dans les sphères du domaine privé et de la tradition.
Selon Rothna Begum, chercheuse sénior auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch, même si des progrès sont notables ces dernières années, “ les femmes au Qatar sont toujours obligées d’observer les règles de la tutelle masculine, qui sont appliquées par l’État et limitent leur capacité de mener une vie accomplie, productive et indépendante. Le système de tutelle renforce le pouvoir de contrôle des hommes sur la vie et sur les décisions des femmes, et est susceptible d’encourager ou d’alimenter des violences, laissant aux femmes peu d’options réalistes pour échapper aux abus pouvant être commis par leurs familles et leurs maris.“
Malgré tout, le Qatar affirme être ” un ardent défenseur des droits des femmes “… Le Gouvernement a même promis une enquête, qui, selon Amnesty International n’est jamais parue.